Science fiction… ou conte de Noël ?
Vous ne pouvez imaginer combien, à cette minute, j’aimerais pouvoir vous remercier monsieur le Grand Architecte de l’Univers ! Alors que les terriens vivent les prémices de la catastrophe finale nourrie par leurs folies aveugles, voici qu’une équipe d’astronomes et d’astro physiciens a découvert une planète, nimbée de promesses, située en dehors du système solaire. D’une taille comparable à celle de la Terre, l’astre en question orbite curieusement autour d’une étoile naine. L’objet observé se situe dans la zone théoriquement habitable, ni trop proche, ni trop éloignée de son étoile. De l’eau à l’état liquide devrait y exister et y rendre la vie possible. Cela semble suffisant. Par ailleurs, cette planète rassemble plusieurs critères essentiels : un caractère rocheux, la présence d’une atmosphère, de l’eau à l’état liquide, des mouvements de marées, un air respirable, des températures tolérables pour des organismes vivants et une variation de pression atmosphérique proche de celle que l’on avait connu sur Terre avant le règne tyrannique et criminel des grands pollueurs. Mais, jusque-là, les scientifiques éclairés avaient décidé prudemment de garder secrète leur fabuleuse découverte. Ils ont conscience que pour espérer parvenir et emménager là-bas, il faudrait surmonter un écueil majeur : la distance « astronomique » à franchir. Or, en ce domaine, les connaissances technologiques des humains comportent de criantes lacunes. Comment enjamber en effet de tels espaces interstellaires ? Alors, imaginons que leur découverte étant réellement une première inespérée, ces sages savants se remettent au travail avec passion et acharnement, en orientant cette fois l’essentiel de leurs recherches et de leurs efforts, non plus sur l’immensément grand, mais sur l’infiniment petit. Et bien, supposons que cette méthode les conduisent à vaincre l’insoluble obstacle en apportant enfin une réponse à la question récurrente. Leur trouvaille permettrait de multiplier la vitesse de la lumière tout en contournant le problème de la dilatation du temps. Elle rendrait possible aussi le voyage instantané entre deux points à une vitesse infinie comme le passage dans l’hyperespace, le saut dans l’espace-temps ou encore le repli de l’espace permettant de voyager d’une planète à l’autre. Formidable ! Non ?
Il ne nous resterait plus qu’à demander à ces bienfaiteurs potentiels de l’humanité d’accomplir le sauvetage in extrémis de la planète Terre. Alors que ses habitants sont à la veille d’une grande déflagration environnementale, mentale, intellectuelle et idéologique, il serait opportun de saisir l’occasion offerte de la débarrasser de ses nuisibles.
Il suffirait pour cela de s’inspirer de la colonisation de l’Amérique par les Européens à la fin du XVIème siècle, sous réserve que cela ne se traduise par le génocide de civilisations autochtones pacifiques comme ce fut alors le cas. Le vieux continent sut maligneusement se délester de ses divers « gêneurs » et « rapaces » à bord des bateaux affrétés à destination de nouvelles colonies.
Sachant qu’un total de vingt-quatre sortes d’atomes différents composent les molécules d’un corps humain, disposant dorénavant d’un moyen de téléportation de ces atomes et, de surcroît de la capacité de construire un type d’astronef lui-même téléportable à l’instar de son prestigieux contenu, il n’y aurait plus qu’à expédier au plus lointain de l’espace les miasmes de la société terrienne : rois, empereurs, dictateurs, présidents véreux et corrompus, grands capitaines d’industries avec leurs parachutes dorés, actionnaires fainéants, directeurs de ressources humaines avec leurs chemises déchirées, fanatiques chefs religieux et de guerre, candidats prétentieux à primaires électorales inutiles, exploiteurs de malheur, massacreurs de nature… Mais, nourrissons sourdement le souhait qu’une petite erreur de calcul de nos savants géniaux fasse dériver ce superbe cadeau vers quelque Lune glacée orbitant à jamais autour de la nouvelle planète « Espérance ». Allez ! Un petit effort ! Que l’on puisse vraiment vous remercier monsieur le Grand Architecte de l’Univers !