Réapprendre l’écoute des silences

Réapprendre l’écoute des silences

La culture de l’agitation, de la gesticulation, de la vitesse et de la compétition pour l’inutile nous a fait oublier le silence. Le silence ! Pourtant, le silence n’est pas vide. Rien de commun avec le néant. Il n’est pas absence de tout. Il semble seulement étouffer les mots, mais sans jamais y parvenir. Pour s’en convaincre, il suffit de s’appliquer à écouter les bruits du silence. Il faut tendre l’oreille aux silences de la nuit, du vent, des ruisseaux, de l’univers et des étoiles. La prétendue froideur du silence est contestée, tenue en échec par ses propres réalités, ses couleurs, ses symboles, son langage. D’ailleurs, il n’y a pas qu’un silence, mais des silences. Aucun n’est semblable à un autre. Un silence peut être violent, indifférent, mesquin, ironique, lourd ou léger. Et puis, en musique, ne faut-il pas soupirer pour faire le silence ? Le bâton de pause est le silence correspondant à la carrée. Il indique un nombre égal de mesures en silence consécutives à compter. La pause est le silence qui vaut une ronde et la demi-pause celui qui compte pour une blanche tandis que le soupir est aussi un silence valant une noire. Passons sur le demi, le quart, le huitième et le seizième de soupir. Tous sont des silences, comme la mémoire et les souvenirs. Alors… Accordons-nous le temps d’écouter les silences. Les nôtres comme ceux des autres.

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